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Multidisciplinary

Cancer du sein triple négatif, les apports de la multidisciplinarité.

L'intérêt de l'approche multidisciplinaire pour la prise en charge des cancers ne date pas d'hier. Dès les années 50, des centres dédiés aux cancéreux pratiquaient des réunions de concertations auxquelles prenaient part chirurgiens, radiothérapeutes et chimiothérapeutes de façon à proposer l'approche la plus adaptée aux patients. Cette façon de faire n'était cependant pas la plus fréquente et dans le cas particulier du cancer du sein, un article de 2010, auquel plusieurs membres de l'Institut Bordet ont très largement contribué, soulignait les larges disparités entre les régions géographiques.

En oncologie, la multidisciplinarité se conçoit comme la collaboration de professionnels d'horizons différents et ayant des expertises variées afin de parvenir à une prise en charge optimale pour chaque patiente. En pratique il s'agit d'optimiser le parcours de soins via la mise en œuvre des approches préventives ou thérapeutiques adéquates vis-à-vis de tous les facteurs susceptibles d'altérer l'objectif poursuivi.

Cette approche multidisciplinaire s'avère particulièrement précieuse pour les cas de cancers les plus problématiques, ce qui est indiscutablement le cas des cancers du sein triple négatif dont la médiane de survie après métastases reste encore aujourd'hui, en dépit de progrès thérapeutiques indiscutables, dramatiquement moindre que celle des cancers du sein HR+/HER2+.

De nos jours, la multidisciplinarité inclut bien évidemment les différentes disciplines classiques (anatomo-pathologistes, radiologues, oncologues médicaux, chirurgiens et radiothérapeutes), mais aussi toutes les personnes qui, de par leur talent et/ou leur expertise dans des créneaux spécifiques particuliers, peuvent contribuer à parfaire l'obtention de l'objectif fixé (plasticiens, kinésithérapeutes, personnel infirmier spécialisé, psychologues, nutritionnistes, travailleurs sociaux). Sont particulièrement concernés au vu des développements récents, les biologistes moléculaires, généticiens, onco-immunologistes, cardiologues, pharmacologues cliniciens, spécialistes en soins de support, en radiothérapie stéréotaxique, en chirurgie laparoscopique et robotique …, liste non exhaustive et bien entendu à aménager de façon réaliste en tenant compte des caractéristiques spécifiques du cancer de chaque patiente et des ressources diisponibles en Belgique.

Plusieurs communications portant sur les cancers du sein triples négatifs présentées lors du dernier congrès annuel de l'ASCO indiquent que le temps du défaitisme est révolu. Les résultats obtenus suite à la mise en place d'essais, dont le rationnel doit beaucoup à la multidisciplinarité, montrent en effet qu'il est possible d'infléchir le pronostic et même d'avoir désormais des intentions curatives.

En témoignent des essais testant des approches immunologiques pures, des chimiothérapies vectorisées sous la forme de conjugués anticorps-drogue, des thérapies ciblées visant de nouvelles voies de signalisation (à l'instar de ce qui se fait déjà dans les cancers du poumon), des combinaisons à la recherche d'actions synergiques, des schémas sans chimiothérapie. Autant d'initiatives recherchant conjointement amélioration de la performance sans augmentation voire avec diminution des toxicités.

Toujours dans le cadre de la multidisciplinarité, cette mouture de l'ASCO a fait également la part belle à diverses approches annexes, plus ou moins conventionnelles, ayant comme objectif commun de faire en sorte que les progrès en survie correspondent à des années qui méritent d'être vécues (acupuncture, gestion du stress, correction de l'alopécie, réduction de la fatigue, préservation cognitive en cas de métastases cérébrales, prévention des neuropathies).

Pour de nombreux types de cancers du sein il est déjà possible de parler de guérison ou, à tout le moins, d'affection chronique gérable dans la durée. La multidisciplinarité permettra-t-elle de rendre cela envisageable pour les triples négatifs ?

Donnons-nous en tout cas les moyens de tester la question.


Saviez-vous que ?

Le nexialisme est un terme inventé par l'écrivain de science-fiction A. E. van Vogt qui désigne une méthode scientifique consistant à articuler les savoirs de manière composite pour trouver des solutions originales aux problèmes posés et dégager de nouvelles pistes.


Le nexialisme prône l'utilisation de multiples points de vue pour, dans un premier temps, éclairer l'objet d'étude afin d'arriver dans un deuxième stade, à une approche globale et intégrative. Il s'agit donc en quelque sorte d'une mise en réseau de savoirs scientifiques distincts pour en sortir une idée atypique, novatrice. Cela ne vous fait-il pas penser à la multidisciplinarité ?


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